Points clés
- Les peuples autochtones d'Australie ne constituent pas un groupe homogène..
- Il y a environ 500 nations, chacune avec des cultures, des langues, des modes de vie et des structures de parenté différentes
- Comprendre cette diversité est crucial pour construire des relations significatives avec les peuples autochtones.
La riche diversité au sein de la population autochtone d'Australie est un aspect fascinant qui remet en question l'idée erronée selon laquelle tous les Aborigènes et les Insulaires du détroit de Torres constituent un groupe homogène.
En réalité, les peuples autochtones représentent une mosaïque de cultures, de langues, de modes de vie et de structures familiales.
Pour comprendre cette diversité, l'une des meilleures solutions est de consulter , explique Tante Munya Andrews, une aînée du peuple Bardi, originaire de la région de Kimberley en Australie-Occidentale.
"Nous invitons les gens à y jeter un coup d'œil car il y a environ 500 nations présentes sur cette carte. Chaque nation possède sa propre langue ou en partage une avec une autre."

Carla Rogers (à gauche) et Tante Munya Andrews (à droite), Evolve Communities. Crédit : Evolve Communities.
"Je peux dire en regardant simplement l'art Aborigène, de quelle région d'Australie il provient exactement. C'est aussi précis que cela. La plupart des gens associent la peinture à points à la culture Aborigène, mais ce style n'est originaire qu'une seule Nation.
"Quand on regarde le peuple Bardi, mon peuple, nous sommes des gens d'eau salée, notre art est très similaire à celui d'autres insulaires à travers le monde en ce sens qu'il s'agit de peintures géométriques qui représentent les vagues et ce n'est pas de la peinture à points du tout", précise-t-elle.
Tante Munya, auteure, avocate et co-directrice d'Evolve Communities, souligne qu'il faut comprendre qu'il n'y a pas de solution universelle lorsqu'on interagit avec les peuples autochtones.
C'est une étape cruciale pour montrer du respect envers les coutumes et les traditions d'une communauté, et cela permet de construire des relations plus significatives.
Carla Rogers est une alliée autochtone qui travaille aux côtés de Tante Munya. Elle ajoute qu'une telle connaissance est essentielle pour comprendre l'histoire partagée de l'Australie et pourquoi les écarts entre les peuples autochtones et non-autochtones persistent encore aujourd'hui.
"Lorsque l'Australie a été colonisée pour la première fois et [cela continue] encore aujourd'hui, c'est le manque de sensibilisation à cette diversité qui a été au cœur de notre problème. Beaucoup de nos problèmes actuels viennent du fait de considérer les peuples aborigènes et insulaires du détroit de Torres comme un groupe homogène et de ne pas reconnaître cette riche diversité", explique-t-elle.
L'Australie a toujours été multiculturelle
Les peuples autochtones sont des « experts » en matière de multiculturalisme, selon Tante Munya.
« Mon peuple gère le multiculturalisme depuis des milliers d'années. Nous avons appris à interagir avec d'autres groupes Aborigènes et appris à parler certaines de leurs langues », explique-t-elle.
Il est important de reconnaître des personnes comme la Docteure Mariko Smith, qui ont un héritage autochtone et multiculturel, enrichissant ainsi la diversité des Premiers Australiens.
Son père est de la nation Yuin, sur la côte sud de la Nouvelle-Galles du Sud, tandis que sa mère est originaire de Kokura à Kyushu, au Japon.
« Certaines personnes pensent, à cause de mon héritage japonais et autochtone, que je viens du nord et du nord-ouest de l'Australie, où se trouvait l'industrie perlière japonaise », explique-t-elle.
« Mais mes parents se sont rencontrés dans un café à Kyushu pendant que mon père voyageait au Japon. Ils se sont mariés au Japon, puis il a amené ma mère en Australie. »
En grandissant, la Dr Smith a subi beaucoup d'« insultes raciales » en raison de son apparence asiatique, et elle ajoute que ces commentaires sont allés à un « niveau supérieur » lorsque les gens ont découvert qu'elle était également autochtone.

La Dr Mariko Smith Credit: Anna Kucera Credit: Anna Kucera/Anna Kucera
« Les gens peuvent penser qu'ils n'ont jamais rencontré d'Aborigènes auparavant, mais il y a de fortes chances qu'ils en aient rencontré, simplement parce qu'ils ne correspondaient pas aux stéréotypes et à leurs conceptions de l’apparence des Aborigènes. »
La Dr Smith affirme que l'Australie contemporaine, multiculturelle, doit reconnaître et accepter la diversité au sein de la population Indigène pour être véritablement inclusive.
« Si vous considérez les Aborigènes de manière très simpliste, alors il n'y a vraiment que des solutions simplistes. C'est un concept tellement complexe et diversifié qu'il nécessite des solutions complètes et diversifiées, ainsi qu'une réflexion approfondie. »
Carla Rogers explique que les gens peuvent commettre des erreurs lorsque les non-Autochtones ne comprennent pas cette diversité.
« On peut dire quelque chose qui pourrait être très blessant, quelque chose qui pourrait être potentiellement raciste. C'est un obstacle à la compréhension. »

Treize Aborigènes et Insulaires du détroit de Torres, en provenance de toute l'Australie, participent à la première initiative Mob in Fashion. Credit: Thirteen Aboriginal and Torres Strait Islander people from across Australia are taking part in the inaugural Mob in Fashion initiative.
Où peut-on en apprendre davantage sur la diversité autochtone ?
Comme vous le feriez en voyageant à travers l'Europe, commencez par la carte, identifiez le pays dans lequel vous vous trouvez et renseignez-vous sur sa culture et ses langues.
« Si vous voyagez plus de deux heures, par exemple depuis Sydney, alors vous traversez différents Pays », explique Rogers.
Pour mieux comprendre le Pays, y compris ses propriétaires traditionnels et son histoire, le Conseil Territorial Aborigène ainsi que les administrations locales sont de bons points de départ.
Tata Munya dit qu'il s'agit d'« auto-éducation ».
« Apprenez autant que vous le pouvez, engagez-vous, en particulier avec les peuples des Premières Nations. Il n'y a pas besoin d'avoir peur, présentez-vous simplement, participez aux événements communautaires. »
Il s'agit d'avoir le courage de faire le pas pour apprendre à connaître les Premières Nations.