C'est à cinq minutes de la plage de Bronte, au numéro 131 de la rue Macpherson que la famille Ivanovic, Igor, Ludmilla et leurs quatre filles se réveillent tous les matins avec des odeurs de pains tout juste sortis du four. Ils habitent derrière leur boulangerie et la farine est stockée dans leur garage, puis elle rejoint directement les cuisines de la fabrique à l'aide une pompe souterraine. La pâte est pétrie à la main, le savoir-faire et l'authenticité sont les maitres mots du lieu.
"Il y a ici une qualité de vie incroyable, surtout grâce à la mer"
Ludmilla a grandi à Montréal et à l'âge 19 ans elle décide de s'installer à New York. Elle rencontre Igor Ivanovic dans une boulangerie, ils s'installent ensemble et décident d'ouvrir leur propre boutique à Boston, qui est toujours en activité. Après un voyage en Nouvelle-Zélande, ils passent par l'Australie et tombent sous le charme du pays et de sa qualité de vie. Ils ouvrent une seconde boulangerie Iggy's Bread, à l'autre bout du monde.

Eco-friendly bakery Iggy's Bread Source: Joanna Cabot
La nourriture comme une médecine
C'est avec de la farine faites à partir de grains datant des années 1900-1930, du sel et de l'eau, bourrés de minéraux, que se tient la recette du succès. Mais pas de pain "gluten free" car "les pains au levain sont fait par fermentation naturelle. Ici on considère sérieusement la nourriture comme une médecine et donc on essaie de faire du pain le plus nutritif possible", explique Ludmilla.
Iggy's Bread propose des produits locaux et Ludmilla en est fière, "beaucoup de fermiers nous amènent leurs produits directement mais on vend aussi d'autres produits qu'on utilise et qu'on a envie de faire connaitre, auquels on croit. Tous les produits sont encouragés à être utilisés car ils sont bons pour la santé et certains produits s'associent avec le pain".

Ancient flour is used to make the bread Source: Joanna Cabot
La qualité de vie, un leitmotiv
"Tout est organisé autour de la qualité de vie, on se lève à 5 heures du matin, on est très impliqués - on a planté de la nourriture sur la rue, des herbes, des fruits, des légumes, on est très en phase avec la communauté," explique Ludmilla. "Tout ce qui tombe par terre, niveau farine, graines, pâte, morceaux de pain brulés, est récupéré. On a 15 fermes de vers de terre, donc on nourrit les vers avec les restes, et le jus formé est utilisé pour nourrir toutes les plantes dans la rue."
"Une fois par semaine, on amène nos restes de nourriture dans des jardins de communautés. Tout est recyclé, fermenté, on prend beaucoup de responsabilités par rapport à l'environnement, c'est une grosse partie de qui on est, l'équipe, nos clients", insiste la patronne. Des panneaux solaires sont installés sur le toit et l'eau de pluie est réutilisée.

Source: Joanna Cabot
Un lieu pour la communauté
Plus qu'une boulangerie, Igor et Ludmilla ont fait de Iggy's Bread un lieu de rencontre et d'échange. Tous les vendredis, c'est l'heure du "café Bagdad", gratuit ou par donation, la boisson chaude est distribuée à qui le souhaite, avec des petits pains, du beurre, de la confiture et du lait qu'ils font eux même, à base de noix. Ils vendent des sacs de sel recyclés, des tasses à café en céramique créées par leurs voisines, et de l'art Aborigène.
"On travaille tous ensemble ici, c'est pas une question d'argent, c'est une question d'humanité, de rêve de vivre tous les jours en vision de ce qu'on voudrait voir dans le monde."
"Les heures de travail sont en fonction de la qualité de vie, on ferme tôt l'été, à 13h00, ça permet à tout le monde de profiter de la journée". Pour Ludmilla, le côté humain passe avant tout, "toute l'équipe est solidaire, on est comme une grande famille, on se respecte et on s'aide".

a coffee is offered every friday Source: Joanna Cabot
" Tout le monde participe à la boulangerie, d'une façon unique et individuelle qui fait qu'elle est si spéciale."
C'est la consience écologique, la communication et la relation aux autres qui ont poussé Ludmilla à s'engager davantage avec la communauté. "On supporte beaucoup les communautés aborigènes, on fait beaucoup de lectures avec les gens tournés vers la nourriture et la médecine qui viennent discuter. On se donne des conseils et on s'éduque. Si tu viens avec ton propre sac on te donne un petit pain gratuit pour t'encourager à recycler, mais on ne veut pas donner de leçon, le déclic, c'est toi qui dois l'avoir."